Poésieest un mot difficile à définir, parce qu'on le prend en différents sens, qui se substituent souvent l'un à l'autre dans l'analyse ou dans la discussion. Tantôt il désigne un certain genre d'ouvrages, que l'on distingue des autres productions de l'esprit humain; on dit, en ce sens, que la Poésie est plus ancienne que l'Histoire et que l'Éloquence.
Juxtaposantlibrement prose, versets et versification classique (sous la forme le plus souvent de l'octosyllabe et de l'alexandrin), la poésie de Michel Houellebecq est, tout autant que son oeuvre romanesque, fortement ancrée dans le monde contemporain. Elle lui sert d'ailleurs souvent de matrice. Ainsi, plusieurs poèmes du Sens du combat annoncent des scènes des Particules
panoramiqueset dévoilent les images sous d'autres images, prend tout son sens dans cette confrontation permanente entre la mort et la vie, la violence et la douceur. Rue du Monde, Des poèmes dans les yeux . Dir. Jean-Marie Henry, ill. Laurent Corvaisier . Poèmes à crier dans la rue : anthologie de poèmes pour rêver un autre monde
Lavie quotidienne de chacun peut être saisie, magnifiée, sublimée, par la poésie. Elle peut ne pas être considérée telle quelle, de façon réaliste, c’est-à-dire écrasée sur ce qu’elle est, mais au contraire être nimbée d’une aura que lui donne ce qu’on s’efforce à produire comme sens, et qui, par là, la dépasse. » Jacques-Alain Miller, Cours du 26 mars 2003.
Poème Le dernier souvenir, Charles-Marie LECONTE DE LISLE. Poésie Française est à la fois une anthologie de la poésie classique, du moyen-âge au début du XXème siècle, et également un espace de visibilité pour l'internaute, amateur éclairé ou professionnel qui désire y publier ses oeuvres à titre gratuit.
Unjour après la vie - Maître objet. Collection Poésie/Gallimard (n° 223), Gallimard. Parution : 02-02-1988. «Je publie des poèmes depuis quarante ans. Ils correspondent à un besoin que, loin des métaphysiques, je dois qualifier de corporel. Les sens, les nerfs et l'illusion de me libérer de ma peau y participent.
Côted’Ivoire. Ce que je garderai de toi. C’est ton sourire bleu de terre. Trempé de lumière. Et de vent de rosée. (p. 12) Pourtant la nuit est tombée sans crier gare, tuant les rêves, tuant l’enfance, sur une terre pleine de promesses. La
Cd4D. La Vie Prend Son SensLa vie prend son sensSon oublie son alibiSons sens entierDans une clefOn ne m’a rien donnerJamais maisDonner ou recevoirTelle est celui-ciLe don vraiC’est le don de la vieQui est certes bon…BIEN DURE maisBon on fait de son mieuxOn tombeLa tête en trombeLa tête en sombreMais la vie te donneComme en sommeToutTout et ce toutC’est rien du toutMais cela c’est déjà beaucoupIl n’y a plus rien a vouloirQue vivre vraiment dans notre seul bon vouloirN’avoir rienC’est rienNe pas vivreC’est du suicideEt jouer avec la mortC’est un tortSoyons tel que l’on estSans rien a gratterSans se priverDe l’essentielComme la vie est courteMais elle n’est pas belleElle est juste l’essentielElle est juste démentielle ! ! !La vie c’est pas le paradisC’est juste un excellent alibiUn alibi pour brillerDans une nuitDans une soiréeEt cet alibiC’est qu’on l’a prisSans se soucier mêmeDe la mort blêmeQui rodeTelle une amie avec qui l’on joueSyllabation De L'ÉcritSyllabes Hyphénique La Vie Prend Son Sensla=vie=prend=son=sens 5son=ou=blie=son=a=li=bi 7sons=sens=en=tier 4dans=u=ne=clef 4on=ne=ma=rien=don=ner 6ja=mais=mais 3don=ner=ou=re=ce=voir 6tel=leest=ce=lui=ci 5le=don=vrai 3cest=le=don=de=la=vie 6qui=est=certes=bon 4bien=du=re=mais 4bon=on=fait=de=son=mieux 6on=tom=be 3la=tête=en=trombe 4la=tête=en=sombre 4mais=la=vie=te=donne 5com=me=en=somme 4tout 1tout=et=ce=tout 4cest=rien=du=tout 4mais=ce=la=cest=dé=jà=beau=coup 8il=ny=a=plus=rien=a=vou=loir 8que=vivre=vrai=ment=dans=no=tre=seul=bon=vou=loir 11na=voir=rien 3cest=rien 2ne=pas=vi=vre 4cest=du=sui=cide 4et=jouer=a=vec=la=mort 6cest=un=tort 3soyons=tel=que=lon=est 5sans=rien=a=grat=ter 5sans=se=pri=ver 4de=les=sen=tiel 4comme=la=vieest=courte 4mais=elle=nest=pas=belle 5elleest=jus=te=les=sen=tiel 6elleest=jus=te=démen=tiel=le 6la=vie=cest=pas=le=pa=ra=dis 8cest=jus=teun=ex=cel=lent=a=li=bi 9un=a=li=bi=pour=briller 6dans=u=ne=nuit 4dans=une=soi=rée 4et=cet=a=li=bi 5cest=quon=la=pris 4sans=se=sou=cier=même 5de=la=mort=blême 4qui=ro=de 3tel=leune=a=mie=a=vec=qui=lon=joue 9Phonétique La Vie Prend Son Sensla vi pʁɑ̃ sɔ̃ sɑ̃ssɔ̃n- ubli sɔ̃n- alibisɔ̃ sɑ̃sz- ɑ̃tjedɑ̃z- ynə kleɔ̃ nə ma ʁjɛ̃ dɔneʒamε mεdɔne u ʁəsəvwaʁtεllə ε səlɥi silə dɔ̃ vʁεsε lə dɔ̃ də la viki ε sεʁtə- bɔ̃…bjɛ̃ dyʁə mεbɔ̃ ɔ̃ fε də sɔ̃ mjøɔ̃ tɔ̃bəla tεtə ɑ̃ tʁɔ̃bəla tεtə ɑ̃ sɔ̃bʁəmε la vi tə dɔnəkɔmə ɑ̃ sɔmətutut- e sə tusε ʁjɛ̃ dy tumε səla sε deʒa bokuil ni a plys ʁjɛ̃ a vulwaʁkə vivʁə vʁεmɑ̃ dɑ̃ nɔtʁə səl bɔ̃ vulwaʁnavwaʁ ʁjɛ̃sε ʁjɛ̃nə pa vivʁəsε dy sɥisidəe ʒue avεk la mɔʁsεt- œ̃ tɔʁswajɔ̃ tεl kə lɔ̃n- εsɑ̃ ʁjɛ̃ a ɡʁatesɑ̃ sə pʁivedə lesɑ̃sjεlkɔmə la vi ε kuʁtəmεz- εllə nε pa bεlləεllə ε ʒystə lesɑ̃sjεlεllə ε ʒystə demɑ̃sjεllə ! ! !la vi sε pa lə paʁadisε ʒystə œ̃n- εksεllɑ̃ alibiœ̃n- alibi puʁ bʁijedɑ̃z- ynə nɥidɑ̃z- ynə swaʁee sεt alibisε kɔ̃ la pʁisɑ̃ sə susje mεmədə la mɔʁ blεməki ʁɔdətεllə ynə ami avεk ki lɔ̃ ʒuSyllabes Phonétique La Vie Prend Son Sensla=vi=pʁɑ̃=sɔ̃=sɑ̃s 5sɔ̃=nu=bli=sɔ̃=na=li=bi 7sɔ̃=sɑ̃s=zɑ̃=tje 4dɑ̃=zy=nə=kle 4ɔ̃nə=ma=ʁjɛ̃=dɔ=ne 5ʒa=mε=mε 3dɔ=ne=uʁə=sə=vwaʁ 5tεlləε=səl=ɥi=si 4lə=dɔ̃=vʁε 3sεlə=dɔ̃=də=la=vi 5ki=ε=sεʁtə=bɔ̃ 4bjɛ̃=dy=ʁə=mε 4bɔ̃=ɔ̃=fεdə=sɔ̃=mjø 5ɔ̃=tɔ̃=bə 3la=tεtə=ɑ̃=tʁɔ̃bə 4la=tε=tə=ɑ̃sɔ̃bʁə 4mε=la=vitə=dɔnə 4kɔ=mə=ɑ̃=sɔmə 4tu 1tu=te=sə=tu 4sε=ʁjɛ̃=dy=tu 4mεsə=la=sε=de=ʒa=bo=ku 7il=ni=a=plys=ʁjɛ̃=a=vu=lwaʁ 8kə=vivʁə=vʁε=mɑ̃=dɑ̃=nɔ=tʁə=səl=bɔ̃=vu=lwaʁ 11na=vwaʁ=ʁj=ɛ̃ 4sε=ʁj=ɛ̃ 3nə=pa=vi=vʁə 4sε=dy=sɥi=sidə 4e=ʒu=e=a=vεk=la=mɔʁ 7sε=tœ̃=tɔʁ 3swa=jɔ̃=tεl=kə=lɔ̃=nε 6sɑ̃=ʁjɛ̃=a=ɡʁa=te 5sɑ̃=sə=pʁi=ve 4də=le=sɑ̃=sjεl 4kɔmə=la=vi=ε=kuʁtə 5mε=zεllə=nε=pa=bεllə 5εlləε=ʒys=tə=le=sɑ̃=sjεl 6εlləε=ʒys=tə=de=mɑ̃=sjεl=lə 7la=vi=sε=palə=pa=ʁa=di 7sε=ʒys=təœ̃=nεk=sεl=lɑ̃=a=li=bi 9œ̃=na=li=bi=puʁ=bʁi=je 7dɑ̃=zy=nə=nɥi 4dɑ̃=zynə=swa=ʁe 4e=sεt=a=li=bi 5sε=kɔ̃=la=pʁi 4sɑ̃sə=su=sje=mεmə 4də=la=mɔʁ=blεmə 4ki=ʁɔ=də 3tεlləynə=a=mi=a=vεk=ki=lɔ̃=ʒu 8 Commentaires Sur La Poesie13/07/2016 2310Sétarcos L'HérétiqueBelle lecture sous votre plume... J’adore20/07/2016 1943Apathique PhoenixJ’aime bien également
LA POÉSIE ET SES PRINCIPALES FONCTIONS publication parachevée par quelques textes poétiques illustratifs INTRODUCTION. On distingue trois grands genres littéraires le roman, le théâtre et la poésie. Ce dernier nommé est un art du langage permettant de suggérer, avec harmonie et régularité, une infinité d’images, de sensations, d’état d’âme et d’esprit. C’est un genre qui date de longtemps ; en effet, avant que la poésie ne soit écrite puis récitée en public, elle était d’abord chantée de villes en villes par des aèdes, des bardes, des trouvères, des troubadours, des saltimbanques… Ce n’est que beaucoup plus tard au Moyen-âge et surtout pendant la Renaissance que la poésie a reçu ses lettres de noblesse, qu’elle a commencé à être écrite comme il faut », de façon plus boutonnée ». Pour beaucoup en tout cas, être poète n’est pas donné à n’importe qui car le poème semble dicté par un génie humain ou divin. Certains iront jusqu’à abolir toute différence entre le poète et le prophète deux porteurs de messages dont les appellations riment. Relisez ma publication sur le parnasse, le choix de la poésie plus particulièrement. Mieux encore, dans les textes sacrés, Dieu Lui-même s’adresse à l’humanité par l’intermédiaire de versets hébraïques, bibliques ou coraniques, une forme textuelle plus ou moins analogue aux vers avec qui ils partagent le même radical. Par conséquent, ils conçoivent l’activité créatrice poétique comme sacrée. Quoi qu’il en soit, on peut lui associer quatre fonctions principales, selon les motivations de chaque poète. I. LA FONCTION LYRIQUE OU SENTIMENTALE. Certains artistes ont l’habitude de relater dans leurs écrits des événements relatifs à leur propre vie très souvent liés à leurs peines personnelles. Certains humanistes Ronsard, des surréalistes Éluard, des symbolistes Verlaine et surtout les romantiques lyriques Musset se servent alors du poème comme cadre privilégié d’expression d’un désir, d’un idéal, d’une thérapie contre la souffrance humaine. Siège des sentiments, le coeur devient ainsi la source principale d’une inspiration féconde. C’est une des raisons pour lesquelles Musset s’exclamait Ah ! frappe-toi le coeur ! C’est là qu’est le génie ». Cette extériorisation de la peine rend le fardeau de la souffrance moins pesant ; c’est pourquoi Lamartine avouait que, pour lui, s’adonner à la poésie, ce n’était pas un art, mais un soulagement de mon coeur ». Tant mieux si le lecteur lui-même a vécu l’expérience de toutes ces envies, de ces déceptions inopinées, de ces moments de faiblesse… Voir ma publication sur le romantisme, précisément le point concernant le lyrisme. Des détracteurs les ont cependant qualifiés d’égoïstes mais certains, à l’instar de Victor Hugo, s’en sont montrés fiers ou s’en sont défendus ; dans sa fameuse préface des Contemplations 1856, il écrit ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne… On se plaint quelques fois des écrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi ». II. LA FONCTION DIDACTIQUE OU MORALISTE. »Didactique » est l’adjectif relatif à tout ce qui se rattache à l’enseignement, à l’éducation. En effet, nombreux sont ceux qui croient fermement qu’un poème est illicite si elle ne prodigue pas de leçons de morale explicites ou implicites destinées à instruire les lecteurs avides de connaissances. Les siècles les plus représentatifs de cette orientation à la fois artistique et moraliste sont le XVI ème avec les écrivains de la Renaissance, de l’humanisme, mais aussi et surtout le XVII ème, période pendant laquelle les classiques considèrent comme inutile tout poème qui n’attache aucun prix aux leçons à en tirer. L’assimilation de celles-ci permet ainsi de se prémunir des surprises désagréables dont les trompeurs sont auteurs, parce qu’on a été ignorant, crédule, négligeant. À titre illustratif, Jean de La Fontaine emploie un sous-genre de la poésie appelé la fable, tantôt pour démasquer les hypocrites qui usent de ruse pour parvenir à leurs mesquineries, tantôt pour soigner nos comportements pas très catholiques vis-à-vis de nos semblables. Le fabuliste a écrit lui-même dans la préface de son célèbre recueil apparemment enfantin Je me sers d’animaux pour instruire les hommes ». III. LA FONCTION ENGAGÉE OU MILITANTE. On dit d’un écrivain qu’il est engagé lorsqu’il emploie la plume pour se révéler incapable de rester les yeux fermés ou de garder les bras croisés devant tout ce qui lui paraît injuste, nonobstant les nombreux risques, allant des moindres censure, rapatriement… aux pires exil, emprisonnement, assassinat…. Malheur aux forts qui pensent qu’en bâillonnant le messager, ils étoufferont le message ! Aussi, certains poètes jugent-ils inadéquat de parler de soi alors qu’il y a plus urgent. Ces poètes croient absolument qu’une oeuvre poétique vraiment digne de ce nom doit prendre la défense du peuple composé de classes sociales au bas de l’échelle ou encore de groupes raciaux opprimés. C’est pourquoi Hugo disait l’art n’est pas un ornement mais un instrument ». Le poème possède subitement le pouvoir d’une arme qui crache le feu sur les méchants. C’est l’exemple des humanistes pendant les guerres de religion, de romantiques engagés à l’encontre de lois inhumaines ou antidémocratiques, de certains surréalistes opposés à l’occupation de la France par l’Allemagne nazie, de poètes nègres contestataires du système colonial instauré par le monde occidental. Pour ce dernier cas, dans Cahier d’un retour au pays natal 1939, Aimé Césaire dénonce ouvertement les horreurs de la fallacieuse mission civilisatrice et pacificatrice de la colonisation qui, en réalité, n’est rien d’autre que la prolongation d’un esclavage modernisé qu’on n’a même pas le droit d’appeler »commerce » étant donné qu’il n’est pas du tout équitable ils apportent des pacotilles ou des découvertes scientifiques moins qu’ils n’emportent des hommes valides ou des matières premières. IV. LA FONCTION ESTHÉTIQUE OU ORNEMENTALE. Il y a également des écrivains qui refusent catégoriquement de vouer à la poésie un culte autre que celui de l’art en question, du verbe en particulier. Pour les uns, même si le message le fond, le contenu, la matière qui circule dans le poème est important, il passera pour médiocre lorsque la conception la forme, le contenant, la manière est négligée. En tout cas, les classiques en sont persuadés. voir ma publication sur le classicisme, plus précisément le point sur le respect des règles d’écriture. C’est pour cette raison que Boileau, dans son Art poétique 1674, disait Sans la langue en un mot, l’auteur le plus divin Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain ». Pour d’autres qui pousseront le bouchon plus loin, la beauté esthétique et thématique doit être prioritaire pour le poète, voire exclusivement indépendante de l’utilité du poème. Celui qui est le plus parfait pour eux, c’est celui qui accorde au vers plus de transpiration que d’inspiration. Ces promoteurs de l’art pour l’art » sont les parnassiens. Voir ma publication sur le parnasse, plus particulièrement le point sur l’art pour l’art. Pour d’autres encore, les symbolistes d’abord, les surréalistes plus encore, voir ma publication relative à ces deux courants littéraires résumés successivement l’un après l’autre, il faut exploiter davantage les ressources de la langue, être même capable de passer par un sujet qui inspire l’horreur, le dégoût car lié à la laideur, pour parvenir à cette beauté presque informe. L’important se situe moins du côté du thème débattu que de celui de la langue bien soignée, renouvelée, enrichie, réinventée. CONCLUSION. En un mot, on peut encore et toujours dénombrer à la poésie d’autres vocations à travers par exemple la poésie épique, dramatique, ludique … Toutefois, ces quatre que nous venons d’évoquer sont les plus récurrentes. En outre, la frontière n’est pas aussi étanche qu’on pourrait le croire ; elle est plutôt très poreuse car un seul texte peut bien posséder deux ou plusieurs fonctions à la fois. Donc, bien souvent, le poème est tout à la fois une pharmacie pour les uns fonction lyrique ou sentimentale, une salle de classe pour d’autres fonction didactique ou moraliste, un champ de bataille pour la plupart fonction engagée ou militante, un musée des Beaux-arts pour certains fonction esthétique ou ornementale… TEXTES POÉTIQUES ILLUSTRATIFS TEXTE 1 TEXTE ILLUSTRATIF DE LA POÉSIE LYRIQUE. L’être humain souffre parfois de maux qu’aucun hôpital ne peut guérir parce que cette douleur éprouvée n’est ni physique, ni palpable… Le 4 septembre 1843, un jeune couple Charles Vacquerie et Leopoldine Hugo, après seulement sept mois de mariage, se noie accidentellement dans la Seine, célèbre fleuve de France qui traverse Villequier, théâtre de cette mort tragique. Cet événement malheureux s’est produit exactement au beau milieu de la vie de Victor Hugo 1802 – 1885. Ce poète en souffrit énormément car sa fille aînée et lui entretenaient une solide relation à la fois filiale, affectueuse et inspiratrice. Oh ! Je fus comme fou dans le premier moment, Hélas ! et je pleurai trois jours amèrement. Vous tous à qui Dieu prit votre chère espérance, Pères, mères, dont l’âme a souffert ma souffrance, Tout ce que j’éprouvais, l’avez-vous éprouvé ? Je voulais me briser le front sur le pavé ; Puis je me révoltais et, par moment, terrible, Je fixais mes regards sur cette chose horrible, Et je n’y croyais pas, et je m’écriais non ! – Est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom Qui font que dans le coeur le désespoir se lève ? – Il me semblait que tout n’était qu’un affreux rêve, Qu’elle ne pouvait pas m’avoir ainsi quitté, Que je l’entendais rire en la chambre à côté, Que c’était impossible enfin qu’elle fut morte, Et que j’allais la voir entrer par cette porte ! Oh ! que de fois j’ai dit silence ! elle a parlé ! Tenez ! voici le bruit de sa main sur la clé ! Attendez ! elle vient ! laissez-moi, que j’écoute ! Car elle est quelque part dans la maison sans doute ! Victor Hugo, Les Contemplations, 1856. TEXTE 2 TEXTE ILLUSTRATIF DE LA POÉSIE DIDACTIQUE. Lorsque Jean de La Fontaine fit paraître ses fables, il les avait dédiées au Dauphin le fils aîné du roi. Comme ce dernier était encore enfant, beaucoup avaient cru au départ que ces petits contes anodins étaient puérils. Pourtant, sous le masque de ces animaux personnifiés, transparaissent nos travers dont le fabuliste invite à se départir. Le Lion et le Moucheron » – Va-t’en, chétif insecte, excrément de la terre ! C’est en ces mots que le Lion Parlait un jour au Moucheron. L’autre lui déclara la guerre. Pense-tu, lui dit-il, que ton titre de Roi Me fasse peur ni me soucie ? Un boeuf est plus puissant que toi Je le mène à ma fantaisie. À peine il achevait ces mots Que lui-même il sonna la charge, Fut le trompette et le Héros. Dans l’abord, il se met au large ; Puis prend son temps, fond sur le cou Du Lion qu’il rend presque fou. Le quadrupède écume, et son oeil étincelle ; Il rugit ; on se cache, on tremble à l’environ ; Et cette alarme universelle Est l’ouvrage d’un Moucheron, Un avorton de Mouche en cent lieux le harcèle Tantôt pique l’échine, et tantôt le museau, Tantôt entre au fond du naseau. La rage se trouve alors à son faîte montée. L’invisible ennemi triomphe, et rit de voir Qu’il n’est griffe ni dent en la bête irritée Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir. Le malheureux Lion se déchire lui-même, Fait résonner sa queue à l’entour de ses flancs, Bat l’air qui n’en peut mais ; et sa fureur extrême Le fatigue, l’abat le voilà sur les dents. L’insecte du combat se retire avec gloire Comme il sonna la charge, il sonne la victoire, Va partout l’annoncer, et rencontre en chemin L’embuscade d’une araignée ; Il y rencontre aussi sa fin. Quelle chose par là nous peut être enseignée ? J’en vois deux, dont l’un est qu’entre nos ennemis Les plus à craindre sont souvent les plus petits ; L’autre, qu’au grand péril tel a pu se soustraire, Qui périt pour la moindre affaire. Jean de La Fontaine, Fables, Livre II, fable IX, 1668. TEXTE 3 TEXTE ILLUSTRATIF DE LA POÉSIE ENGAGÉE. L’Europe avait voulu montrer à l’opinion internationale qu’elle était l’AMIE Alphabétisation, Médicalisation, Industrialisation, Évangélisation de l’Afrique. Dans cet extrait entrecoupé, le poète exprime à la fois son esprit contestataire de la colonisation et son élan solidaire à l’endroit de son peuple. Partir. Comme il y des hommes-hyènes et des hommes-panthères, je serai un homme-juif Un homme-cafre Un homme-hindou-de-Calcutta Un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas L’homme-famine, l’homme-insulte, l’homme-torture On pouvait à n’importe quel moment Le saisir, le rouer de coups, le tuer -parfaitement le tuer – sans avoir de compte à rendre à personne sans avoir d’excuses à présenter à personne […] Partir… Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais Embrassez-moi sans crainte… Et si je ne sais que parler, c’est pour vous que je parlerai ». Et je lui dirais encore Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. » Et venant je me dirais à moi-même Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleurs n’est pas un proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse… » Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, 1939. TEXTE 4 TEXTE ILLUSTRATIF DE LA POÉSIE ESTHÉTIQUE. Ce dernier texte parle de lui-même l’auteur est absolument convaincu qu’il y a distance, différence, entre un livre et un ouvrage, comme entre le travail du forgeron et celui de l’orfèvre, ou tout simplement entre la matière le fond, la source d’inspiration et la manière la forme, la conception. Ici, il s’adresse particulièrement aux poètes au beau milieu de leur activité créatrice. L’art d’écrire » Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime, Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime. Mais lorsqu’on la néglige, elle devient rebelle Et pour la rattraper, le sens court après elle. Tout doit tendre au bon sens mais pour y parvenir Le chemin est glissant et pénible à tenir ; Pour peu qu’on s’en écarte, aussitôt on se noie. La raison pour marcher n’a souvent qu’une voie. Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain. Un style si rapide et qui court en rimant Marque moins trop d’esprit que peu de jugement. Hâtez-vous lentement et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ; Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. Nicolas Boileau, Art poétique, chant I, V. 27-48, 1674. Issa Laye Diaw
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J’ai voulu vous montrer d’abord par quel miracle l’art des vers réalise pleinement et fixe éternellement cette aspiration sublime de l’âme humaine, la Poésie. Bientôt je commencerai, de cet art, à vous enseigner les règles certaines et précises, tout en essayant de vous communiquer en chemin, par la beauté des exemples, l’instinct des lois mystérieuses qui ne peuvent être réduites en formules et en préceptes. Aujourd’hui, laissez-moi vous dire pourquoi j’ai entrepris cet ouvrage, et ce que j’en attends pour vous tous qui le lirez, si vous voulez bien le lire avec l’attention, avec la piété que je saurai mettre à l’écrire. J’en attends pour vous, ô mes chers lecteurs, et, par surcroît, pour moi-même, un élargissement et un ennoblissement, une consolation, une pacification, une illumination de tous les jours de la vie. En quelque obscurité de condition que le hasard vous ait fait naître, à quelque médiocrité de fortune que vous vous trouviez attachés, je vous promets, — si, par l’initiation à leur art, vous arrivez à comprendre, à pénétrer, à vous assimiler pleinement le génie des poètes, — je vous promets de vous ouvrir des sources de joie, grâce auxquelles plus d’un éclat vous paraîtra pâle et plus d’une grandeur petite. Car, en étant à même de communier ainsi avec les poètes, vous aurez atteint, vous aurez égalé la vie supérieure que les plus nobles esprits et les plus grands cœurs de tous les siècles auront vécue aux heures les plus hautes et les plus généreuses de leur passage parmi les hommes. Écoutez Lamartine, à la huitième vision de la Chute d’un Ange Il est, parmi les fils les plus doux de la femme,Des hommes dont les sens obscurcissent moins l’âme,Dont le cœur est mobile et profond comme l’eau,Dont le moindre contact fait frissonner la peau,Dont la pensée, en proie à de sacrés délires,S’ébranle au doigt divin, chante comme des lyres,Mélodieux échos semés dans l’universPour comprendre sa langue et noter ses concerts…Ceux-là, fuyant la foule et cherchant les retraites,Ont avec le désert des amitiés secrètes ;Sur les grèves des flots en égarant leurs pas,Ils entendent des voix que nous n’entendons pas Ils savent ce que dit l’étoile dans sa course,La foudre au firmament, le rocher à sa source,La vague au sable d’or qui semble l’assoupir,Le bulbul à l’aurore et le cœur au soupir. Les cornes des béliers rayonnent sur leurs têtes. Écoutez-les prier, car ils sont vos prophètes Sur l’écorce, ou la pierre, ou l’airain, écrivezLeurs hymnes les plus saints pour l’avenir gravés ;Chargez-en des enfants la mémoire fragile,Comme d’un vase neuf on parfume l’argile ;Et que le jour qui meurt dise aux jours remontantsLe cri de tous les jours, la voix de tous les temps !C’est ainsi que de Dieu l’invisible statue,De force et de grandeur et d’amour revêtuePar tous ces ouvriers dont l’esprit est la main,Grandira d’âge en âge aux yeux du genre humain,Et que la terre, enfin, dans son divin langage,De pensée en pensée achèvera l’image ! Oui, voilà bien à quelle plénitude de vie vous vous trouverez associés par le commerce intime avec les poètes. Au milieu de ces vers admirables, il en est un, bien simple, que je n’ai pu transcrire sans que de chers souvenirs me remontassent au cœur, c’est celui-ci Chargez-en des enfants la mémoire fragile ! Et ce qu’il me rappelle, c’est l’éveil en moi du sens poétique, c’est la révélation de la Poésie telle qu’elle me fut faite, en mon plus jeune âge, sur les genoux maternels. Et j’ai tant dû à cette initiation première qu’en essayant d’initier autrui à tout ce que contient le langage des vers, il me semblera que c’est une dette que je paye. Oh ! le Petit oreiller » de la tendre Marceline Desbordes-Valmore !… Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,Plein de plume choisie, et blanc, et fait pour moi,Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi ! … Que de fois il fallut que ma mère me les répétât, ces doux vers, jusqu’à la prière finale Donne à l’enfant perdu, que sa mère abandonne,Un petit oreiller qui le fera dormir ! Et lorsque je les sus par cœur, ce me fut encore une récompense que de les lui entendre redire, si j’avais été sage. Et ce fut la clé d’or qui m’ouvrit à jamais la porte des rêves. A présent, Corneille peut venir, avec le Cid, soulever d’enthousiasme héroïque le petit collégien qui pleurait de tristesse derrière les barreaux de sa prison. Et vous pourrez lui donner bientôt les Méditations de Lamartine ; il les cachera, comme un trésor volé, dans le fond de son pupitre, d’où il les tirera, vingt fois par jour, pour les lire, relire et apprendre, pour transformer en mélancolie délicieuse et consolée sa morne détresse de tout à l’heure. Et quand il sera devenu un homme, — et ici je ne parle plus de moi, mais de vous peut-être, — quand il se demandera comment il a échappé à certaines souillures, protégé contre les vents mauvais la pure flamme de l’amour, élevé dans son cœur un autel à la pitié, gardé l’espérance, évité un peu de mal, fait un peu de bien, il vous dira qu’il le doit surtout aux poètes. Les autres enseignent, mais l’oreille peut les entendre sans que l’esprit les écoute et que le cœur les croie eux, les poètes, par le magique pouvoir du rythme, ils appellent, ils retiennent, ils insinuent, ils pénètrent. Comme une religion par le moyen des mythes, la Poésie prend des idées et les transforme en sentiments par le moyen des images, lesquelles sont des actions commencées, comme les actions sont des images réalisées ; car, entre l’idée pure et l’action, il y a un abîme que l’ébranlement de la sensibilité peut combler seul. Et c’est pourquoi la Poésie, souveraine maîtresse des images, est, pour ceux qui la comprennent et qui l’aiment, la souveraine maîtresse de la vie intérieure, prête à se réaliser en actes. Les anciens le connaissaient bien, le pouvoir éducatif et comme religieux de la Poésie. Rappelez-vous ce que dit Platon au troisième livre de sa République, où, selon l’habitude des Grecs, il appelle musique » la réunion de tous les arts du rythme poésie, musique et danse La musique est la partie principale de l’éducation, parce que le nombre et l’harmonie s’introduisant de bonne heure dans l’âme du jeune homme, s’en emparant, y font entrer à leur suite la grâce, la beauté et la vertu. Et cela, dès l’âge le plus tendre, avant que d’être éclairé des lumières de la raison ; et, quand la raison sera venue, il s’attachera à elle aussitôt par le rapport secret que cet art aura mis entre la raison et lui. » Et Pindare a dit en une de ses odes La Poésie fait la paix dans le cœur de l’homme et dans le monde. Elle désarme Arès et éteint le feu du ciel ; elle endort l’aigle même sur l’égide de Zeus, que baigne un nuage d’harmonie. » Magnifique image de cette vertu pacifiante de la Poésie qui fait de l’amour jusques avec de la haine, et du calme jusques avec de la colère, en les ordonnant par la vertu d’une harmonieuse cadence. Et c’est encore un parfait symbole de la Poésie éducatrice et pacifiante, que ce temple d’Éphèse évoqué par Victor Hugo dans son poème des Sept Merveilles du Monde Moi, le temple, je suis législateur d’Éphèse ;Le peuple, en me voyant, comprend l’ordre et s’apaise ;Mes degrés sont les mots d’un code ; mon frontonPense comme Thalès, parle comme Platon ;Mon portique serein, pour l’âme qui sait lire,A la vibration pensive d’une lyre ;Mon péristyle semble un précepte des cieux ;Toute loi vraie étant un rythme harmonieux,Nul homme ne me voit sans qu’un dieu l’avertisse ;Mon austère équilibre enseigne la justice ;Je suis la vérité bâtie en marbre blanc ;Le beau, c’est, ô mortels, le vrai plus ressemblant ;Venez donc à moi, foule, et, sur mes saintes marches,Mêlez vos cœurs, jetez vos lois, posez vos arches Hommes, devenez tous frères en admirant !… Dans ces vers profonds et superbes, le beau n’est pas seulement devenu le vrai, il est devenu le bien ; il s’est transmué en justice, en fraternité, en amour. Oui, les chefs-d’œuvre sont les vrais éducateurs des peuples ; leurs plus vrais législateurs, ce sont, et surtout ce devraient être leurs poètes, en qui l’on retrouverait, tout le reste fût-il détruit, l’essentiel de ce qui aurait été pensé, senti, voulu, agi par la race. Toute la Grèce est dans Homère ; Dante et Pétrarque ont fait l’Italie ; et quant à Shakespeare, écoutez ce qu’en dit le grand Anglais Carlyle Si l’on nous demandait Voulez-vous abandonner votre empire indien où votre Shakespeare ? », réellement ce serait une grave question. Des personnages officiels répondraient sans doute en langage officiel ; mais nous, pour notre part, ne serions-nous pas forcés de répondre Empire indien ou pas d’empire indien, nous ne pouvons faire sans Shakespeare. L’empire indien s’en ira, en tout cas, quelque jour ; mais ce Shakespeare ne s’en va pas, il dure à jamais pour nous ; nous ne pouvons abandonner notre Shakespeare… Nous pouvons l’imaginer comme rayonnant en haut sur toutes les nations d’Anglais dans mille ans d’ici. De Paramatta, de New-York, en quelque lieu que soient des hommes anglais et des femmes anglaises, ils se diront les uns aux autres Oui, ce Shakespeare est à nous ; nous l’avons produit, nous parlons et pensons par lui… » Oui, vraiment, c’est une grande chose, pour une nation, que d’arriver à avoir une voix articulée, que de produire un homme qui exprimera mélodieusement ce que son cœur à elle pensea. » Eh bien ! nous aussi nous les avons, nos Homère, nos Dante, nos Pétrarque et nos Shakespeare, qui expriment et qui exaltent mélodieusement » le génie particulier de notre race, qui sont notre lien national et qui, de plus, par un rare privilège, sont plus qu’aucuns poètes du monde les miroirs de l’homme universel et les annonciateurs de l’humanité future. Or, quel culte leur vouons-nous ? Hélas ! … Il n’est pas d’humble fraülein » qui, en quittant l’Allemagne pour aller servir, n’emporte dans sa malle l’Hermann et Dorothée de Goethe, ou les poésies de Schiller. Il n’est presque pas de maison anglaise où il n’y ait un Shakespeare ; et plus d’une pauvre miss », venue en France pour élever nos enfants, rouvre chaque soir son Tennyson, et, par les Idylles du Roi ou la Princesse, reste en communication consolante avec l’âme de sa patrie, et avec un peu d’idéal. Connaissons-nous bien, nous qui avons étudié, qui sommes des savants presque, tout ce que renferme de consolation et de joie, d’héroïsme et d’amour, le trésor de Corneille et de Racine, d’André Chénier, de Lamartine et de Victor Hugo, sans vouloir parler des vivants ? Dans combien de bibliothèques bourgeoises ne chercherait-on pas en vain un Alfred de Musset, un Leconte de Lisle, un Sully Prudhomme ? Il est des villes entières où l’on ne trouverait pas un seul volume des poètes modernes, à côté des vieux classiques jamais rouverts depuis le collège… Quant au peuple, il ne sait même pas les noms des uns ni des autres ! Et pourtant, on lit… Mais que lit-on, pour que l’obscénité monte, pour que la haine grandisse, pour que la volonté se dissolve, pour que la notion de l’amour se déprave, pour que le sens du bien et du mal aille en s’émoussant ? Nul recours que dans les poètes, en qui, pendant des siècles, se sont concentrées les tendresses, les puretés, les énergies, les espérances de notre race, avec le pouvoir de les répandre, au moindre appel, sur la multitude des âmes. Eh bien ! cette vertu de concentration et ce pouvoir d’expansion, la Poésie le doit à ces lois magiques, à cet art des vers sans la connaissance duquel les vers ne sont que des lignes inégales et vaguement sonores. Pour qui ne connaît point cet art, les vers semblent même, ô erreur ! avoir entravé la pensée ; pour qui le connaît, au contraire, ils l’ont délivrée, ils ont — et ils le pouvaient seuls — ouvert à son libre vol les perspectives infinies. Apprenons ensemble l’art des vers. Le chemin que nous aurons à suivre sera quelquefois aride ; mais vous savez, à présent, à quels jardins enchantés il peut nous conduire partons. ❦
Bonjour 🙂 ! Ce nouvel article prolonge les deux précédents consacrés aux verbes Chercher et Trouver. Il concerne donc pour l’instant les énigmes 530 et 780. La poésie } Du latin poesis » , issu du grec poiêsis » – action de faire » . Sens modifié au milieu du XIVe siècle art de la fiction littéraire » . } La poésie est un genre littéraire très ancien, aux formes variées, écrites généralement en vers mais qui admettent la prose et qui privilégient l’expressivité de la forme ; les mots disant plus qu’eux-mêmes par leur choix sens et sonorités et leur agencement rythmes, métrique, figures de style. } Le verbe poiein » grec ancien signifie faire, créer » . Le poète est donc un créateur, un inventeur de formes expressives, ce que révèlent aussi les termes du Moyen-Âge trouvère et troubadour. Le poète, héritier d’une longue tradition orale, privilégie la musicalité et le rythme, d’où, dans la plupart des textes poétiques, le recours à une forme versifiée qui confère de la densité à la langue. } Le poète recherche aussi l’expressivité par le poids accordé aux mots comme par l’utilisation des figures de style et au premier chef des images et des figures d’analogie, recherchées pour leur force suggestive. L’Antiquité Dans l’Antiquité grecque, toute expression littéraire est qualifiée de poétique, qu’il s’agisse de l’art oratoire, du chant ou du théâtre tout fabriquant de texte » est un poète comme l’exprime l’étymologie. Première expression littéraire de l’humanité, utilisant le rythme comme aide à la mémorisation et à la transmission orale, la poésie apparaît d’abord dans un cadre religieux et social en instituant les mythes fondateurs dans toutes les cultures, que ce soit avec l’épopée de Gilgamesh IIIe millénaire avant en Mésopotamie, les Védas et le Ramayana indiens, la Poésie dans l’Égypte antique, la Bible des hébreux, L’Iliade et L’Odyssée des grecs, ainsi que L’Énéide des latins. Source Wikipédia – Poésie » L’une des caractéristiques de la poésie orale est qu’elle contient des formules, des répétitions de mots, en particulier des épithètes et des phrases stéréotypées, parfois des lignes et des paragraphes entiers, qui permettent au poète, qui les a préalablement mémorisés, de réciter sur-le-champ un poème à la demande. Source Dictionnaire de l’Antiquité, Robert Laffont, poésie orale » Les premiers ouvrages de la littérature grecque, les poèmes homériques, furent d’abord composés et transmis oralement. Même lorsque l’alphabet phénicien fut adopté pour transcrire le grec, au VIIIe siècle avant la tradition orale survécut. Dès la fin du VIIe siècle avant les ouvrages en prose, plus difficiles à mémoriser que la poésie et qui auraient difficilement survécu par transmission orale, ont dû être transcrits. Ce serait le tyran athénien Pisistrate qui aurait ordonné, au milieu du VIe siècle avant de transcrire par écrit le premier texte homérique. Les textes écrits ne commencèrent à se répandre que vers le Ve siècle avant époque à laquelle se diffusèrent les œuvres des philosophes et historiens primitifs, des poètes étudiés dans les écoles et peut-être des poètes tragiques. C’est également l’époque où le commerce des livres vit le jour, rendant possible la constitution de bibliothèques par des particuliers. La bibliothèque d’Aristote au Lycée fut le modèle qui servit, au IIIe siècle avant à la fondation de la bibliothèque d’Alexandrie. C’est aux travaux des bibliothécaires et érudits alexandrins que l’on doit de posséder aujourd’hui nombre de textes et commentaires scholies de la littérature grecque classique. Les manuscrits qui parvenaient à Alexandrie provenaient de copies effectuées avec plus ou moins de soins, si bien que beaucoup d’entre eux recélaient des erreurs et des modifications des textes originaux. La tâche des érudits alexandrins était de restituer, dans la mesure du possible, les textes dans leur forme originale, de les classer par catégories et de rédiger des commentaires portant sur les caractéristiques linguistiques, littéraires ou sur le contexte antique. La restitution d’un texte selon l’original posait des problèmes de conventions orthographe et un problème d’interprétation car les textes étaient rédigés en continu, sans séparations. Il en fut ainsi bien au-delà de l’époque hellénistique, puisque ce n’est qu’au Moyen-Âge que fut introduite une séparation nette entre les mots. Les accents, invention hellénistique, ne furent de même couramment utilisés qu’à partir du Moyen- Âge. La ponctuation était rudimentaire et très peu usitée ; dans les pièces de théâtre par exemple, les changements d’interlocuteurs étaient indiqués par un trait horizontal placé au début du vers ou par un comma Musique – intervalle très petit », source de nombreuses erreurs. Source Dictionnaire de l’Antiquité, textes antiques, transmission des. » Dans la mythologie grecque, l’inspiration poétique est incarnée par les Muses, dont le nom signifie à la fois parole » et chant » . Filles de Zeus et de la Titanide Mnémosynè la Mémoire, les neuf Muses, conçues au cours de neuf nuits d’amour, forment un chœur conduit par Apollon, le dieu musical surnommé d’ailleurs pour cela le Musagète. Éducatrices, inspiratrices, médiatrices entre le dieu et le poète , elles incarnent la parole poétique et la mémoire de l’aède. Elles permettent au poète d’accéder à la connaissance des exploits des héros et, par son chant, de les révéler. Les poètes sont ainsi dans un état d’enthousiasme ; littéralement, ils ont le dieu theos en eux -en et deviennent comme des messagers. C’est pourquoi les poètes n’ont pas besoin de la vue ; Homère, même aveugle, reçoit ce don des Muses et peut, par son inspiration, faire vivre la mémoire des héros dans ses épopées. L’Odyssée commence, comme beaucoup de chants poétiques, par une invocation aux Muses, qui soufflent » l’inspiration du récit. Source Lexique des symboles de la mythologie grecque, PUF Le poète archaïque grec Hésiode est le premier à les nommer et a peut-être lui-même inventé leurs noms. Selon lui, il y en a neuf ; au début de la Théogonie, il raconte, en un passage célèbre, comment elles lui ont accordé le don de poésie et la connaissance du passé, récit qui a influencé les poètes ultérieurs lorsqu’ils essaient d’expliquer comment leur vient l’inspiration poétique. Le siège originel du culte des Muses se situe en Piérie, près du mont Olympe en Thessalie, et sur le mont Hélicon en Boétie d’où leur nom de Piérides ou d’Héliconiennes, mais il existe des cultes mineurs dans toute la Grèce. À l’époque romaine, chaque Muse représentait un art particulier } Calliope la poésie épique ;} Clio l’histoire ; } Euterpe le jeu de la flûte et la poésie lyrique ; } Melpomène la tragédie ; } Therpsichore la danse chorale et le chant ; } Érato la lyre et la poésie lyrique ; } Polymnie les hymnes aux dieux et la pantomime ; } Uranie l’astronomie ; } Thalie la comédie et la poésie bucolique. La musique mousikè » – art des Muses » fait partie intégrante de la vie grecque ; c’est un élément essentiel de tous les événements religieux publics, des banquets et des réunions en société. Les concours musicaux faisaient partie de beaucoup de grands jeux, en particulier des jeux Pythiques …. Presque toutes les formes de poésie grecque étaient accompagnées traditionnellement par un type de musique. Les principaux instruments de musique étaient la lyre, lyra ou kithara cette dernière est une forme plus élaborée de la première, et ce qu’on appelle la flûte, aulos. La lyre était surtout employée pour accompagner la poésie lyrique. Les épopées homériques étaient chantées ou récitées avec une lyre. La flûte était l’instrument habituel pour accompagner le dithyrambe forme de chœur chanté en l’honneur du dieu Dionysos et les chœurs tragiques ou comiques. Contrairement à la Grèce, la musique à Rome n’est pas un élément essentiel de l’éducation aristocratique, et d’une manière générale la musique en tant qu’art, tout comme les musiciens, étaient considérés avec un léger mépris ; ceux-ci s’étaient très tôt organisés en guildes collegia » pour se protéger mutuellement. Cependant, l’importance de la flûte tibia, semblable à l’aulos grec dans les cérémonies religieuses est prouvée …. La musique de la flûte accompagnait les prières, les sacrifices, les défilés triomphaux au Capitole, les processions au Circus Maximus et les cortèges funèbres. Source Dictionnaire de l’Antiquité, Muses » ; musique » L’assonance latine Le type d’assonance appelé allitération, souvent employé de manière ostentatoire et sans art, est un élément courant dans la poésie latine à ses débuts. Mais à l’époque de Virgile, elle finit par être employée avec beaucoup de subtilité et pour un effet émotionnel. L’oreille romaine semble avoir apprécié la répétition judicieuse de terminaisons semblables dans les passages les plus enflammés d’un discours, un aspect de l’assonance manié avec plus de subtilité par les poètes. Cet usage se transforme facilement en une sorte de rime que l’on remarque parfois dans la poésie à toutes les époques, mais utilisée délibérément dans les hymnes scandés, à partir du Ve siècle après et avec une grande beauté dans les chansons profanes médiévales. Source Dictionnaire de l’Antiquité, assonance » Les temps mérovingiens C’est au VIe siècle que l’on voit ainsi poindre les traditions médiévales et que s’opère la jonction entre notre littérature et les lettres antiques ; Antiquité qu’il ne faut évidemment pas restreindre à l’Antiquité classique et dans laquelle les grands écrivains sacrés, Augustin, Jérôme, Ambroise, puis Boèce, ont déjà créé une littérature originale ; les derniers écrivains que l’on peut appeler gallo-romains ont bénéficié de leur apport et ont participé à ce courant. Et la Gaule est devenue la France. Les Barbares que Sidoine Apollinaire 430 – 486, homme politique, évêque et écrivain gallo-romain voyait approcher avec inquiétude – ces Barbares n’ont qu’un désir continuer les traditions de leurs vaincus ; et c’est à leur cour et dans leur entourage que l’on voit effectivement l’activité littéraire renaître, et même inaugurer des voies nouvelles. Fortunat vers 530 – 609, poète chrétien né en Italie s’installe en France. C’est en pèlerin qu’il débarque dans la région des bords de Loire …. Il se fixa dans le pays et c’est aux environs de Poitiers qu’allait s’élaborer notre première tradition française, sous l’influence conjuguée de ce poète italien et d’une princesse barbare, Radegonde. Ses vingt années de production poétique sont dès lors entièrement inspirées par un sentiment nouveau, … une sorte d’admiration amoureuse, une tendresse pleine de respect, un amour dans lequel l’intimité de deux âmes est comme transfigurée par le sentiment mystique, par le culte de la Vierge. La poésie de Fortunat donne le premier écho d’un thème d’inspiration qui va dominer tout le Moyen-Âge. Un contemporain, Grégoire de Tours vers 538 – 594, est à la prose ce que Fortunat est à la poésie. Son Historia Francorum, en dix livres, est le premier monument de notre histoire … ; déjà dans son oeuvre la France apparaît avec ses contours traditionnels et sentie dans son unité. La période qui va suivre, jusqu’aux temps carolingiens, ne produira plus d’œuvres d’une semblable envergure et ne connaîtra de véritable activité que dans le domaine de la poésie liturgique. Dans cette période profondément troublée par les invasions normandes et sarrasines, le monde anglo-saxon sera le refuge de la culture occidentale et de sa vie intellectuelle. Lorsque Charlemagne voudra rétablir celle-ci dans son royaume, il s’adressera à l’Anglais Alcuin, formé par l’école d’York. Source Encyclopédie de la Pléiade, Histoire des littératures III Charlemagne et l’école palatine C’est autour de l’empereur et de la cour d’Aix-la-Chapelle que se recrée la vie littéraire. Il fait appel à des lettrés venus de toutes les régions d’Occident …. C’est donc un monde international, première figure de ce que seront par la suite les grandes universités médiévales. Il est vrai que la culture qu’il désire restaurer est résolument axée sur le monde antique dont il se veut l’héritier. Les œuvres nées à la cour d’Aix-la-Chapelle sentent quelque peu l’exercice d’école ; mais elles transmettent aussi, partiellement, les apports nouveaux. L’univers musical tout entier doit à Paul Diacre les noms des notes de la gamme, tirés, comme on le sait, de son hymne sur saint Jean Baptiste, Ut queant laxis. On voit d’ailleurs poindre à la même époque quelques indices, sinon d’une littérature de langue vulgaire, tout au moins de poèmes ou de chansons qui ne sont plus composés en latin. Charlemagne aurait également fait édicter des règles de grammaire pour l’usage de la langue franque et imposé des vocables francs pour nommer les mois et les douze vents. Ainsi ce même empereur qui s’efforçait de réintroduire le latin classique donnait une existence officielle à la langue vulgaire. On a pu parler de bilinguisme à propos de cette époque qui s’étend approximativement du milieu du IXe siècle au milieu du XIe siècle, et qui est aussi celle pendant laquelle la féodalité se forme et prend conscience d’elle-même. Source Encyclopédie de la Pléiade, Histoire des littératures III La poésie médiévale française C’est au XIIe siècle que, parallèlement à la poésie didactique, à la poésie épique voir Chanson de geste, à la poésie dramatique ou religieuse, se développe la première poésie lyrique d’expression française. Il s’agit d’une poésie où s’exprime un je » personnel. Le lyrisme n’est pas seulement expression du sentiment amoureux. S’il cherche à exprimer toute la sensibilité personnelle du poète, il le fait avec une recherche de musicalité. En effet, trouvères et troubadours sont avant tout des poètes musiciens, et la poésie lyrique médiévale sera longtemps tributaire de la musique médiévale. Influencés par le renouveau du culte de la Vierge au XIIe siècle et par la poésie arabe, les troubadours de langue d’oc créent une esthétique raffinée pour chanter l’amour. Ce sera le fin’amor ou amour courtois. Un siècle plus tard, les trouvères en langue d’oïl, c’est-à-dire en ancien français, développeront ce lyrisme dans le nord de la France.Source Wikipédia – Poésie médiévale française » } Gai savoir en ancien occitan, gay saber » , désigne l’art poétique des troubadours. Une poésie lyrique plus savante et plus raffinée s’était développée dès la fin du XIe siècle, dans le midi de la France. Le centre en était à Toulouse, dont les comtes étaient protecteurs du gai savoir, et souvent poètes eux-mêmes. La poésie provençale exerça, dès la seconde moitié du XIIe siècle, une très profonde influence sur la poésie du Nord. Et nous savons que la cour de Champagne devint un centre de courtoisie et de littérature Chrétien de Troyes. Source Histoire illustrée de la Littérature Française, Hatier, 1937Qu’elle s’inspire de la poésie arabe et de sa figure du fou d’amour, très présente en Espagne, ou de rites pré-chrétiens instaurant une certaine liberté de la femme à certaines époques de l’année, cette poésie musicale instaure à la fin du XIe siècle une conception de l’amour nouvelle en Occident et parvient à intégrer celle-ci aux valeurs féodales où prévalait le code chevaleresque sacré. L’amour courtois ou fin’amor reprend, en effet, la structure de base du système féodal, mais place la dame latin domina » – maîtresse de maison » ; épouse » ; souveraine, impératrice » en position de seigneur et maître. L’amant, nécessairement de rang inférieur à celle qu’il aime, est soumis à toutes les volontés de celle-ci, et n’attend de récompense qu’à proportion de la prouesse qu’il entreprend au nom de l’amour. Cette dévotion absolue à la dame prend une orientation mystique et subit l’influence, à partir de la fin du XIIe siècle, de la dévotion à la Vierge Marie, seule Dame digne d’amour. Source Wikipédia – Poésie médiévale française »Si, des thèmes d’inspiration, on passe à l’expression, il est très frappant de remarquer la place que tiennent les préoccupations techniques chez le poète médiéval. Il témoigne pour la forme, pour les vers, d’un souci d’artisan, et les recherches sont nombreuses soit dans la combinaison et la structure des strophes, soit encore dans le domaine de la versification pure où la rime apparaît, qui peu à peu détrônera l’assonance. C’est précisément dans la littérature occitane que ce procédé de la rime, qui donne son caractère typique à la poésie française, commencera à se développer à partir du milieu du XIe siècle pour passer dans la langue d’oïl au début du XIIe siècle. Le vers » ou chanson » , forme habituelle de la lyrique amoureuse, comporte généralement cinq ou six strophes dont les vers de nombre très variable, généralement huit ou neuf par strophe se terminent sur la même rime ; un envoi très court complète le poème. Mais cette structure générale comporte des variations infinies, aussi bien dans le style que dans la versification. À côté de la chanson » d’amour proprement dite – et on doit se garder d’oublier que ces poèmes étaient effectivement destinés à être soit chantés, soit, tout au moins, accompagnés d’une mélodie – d’autres genres trouvent place dans la poésie lyrique en langue provençale ; telles sont l’ aube » et la pastourelle » imitées de la poésie lyrique du Nord de la France. Source Encyclopédie de la Pléiade, Histoire des littératures III La poésie des trouvères La poésie lyrique de langue d’oïl ne possède pas par elle-même de thème majeur, comme celui de l’amour courtois pour la langue d’oc ; en revanche, elle présente une grande variété de ton et se maintient plus longtemps que la poésie provençale. Le genre le plus ancien est celui des chansons de toile ; on n’en connaît pas qui soit postérieure au XIIe siècle et elles semblent assez obscurément liées à la poésie épique. Ce sont de petits poèmes où, en quelques strophes à peine, est évoqué un drame d’amour ; le poète ne le raconte pas, il se contente d’y faire allusion et sa discrétion même rend ces petites pièces extrêmement pathétiques. Notre poésie lyrique comporte peu d’œuvres composées avec autant de fraîcheur et de sensibilité que les chansons qui nous montrent Belle Aye éclatant en larmes sur la pièce de soie qu’elle brode, Belle Erembourc apostrophant l’ami qui l’a délaissée sur de faux rapports, ou Oriour pleurant sa sœur Gaie partie pour le pays de son fiancé. Presque toutes ces chansons sont assonancées et non rimées; toutes comportent un court refrain, fort heureux parfois comme celui de Gaie et Oriour Vente l’air et rameaux croulent ceux qui s’aiment doucement dorment » . Deux autres types de poèmes dont il a déjà été question comportent une forme assez fixe l’aube ou chanson du point du jour, alba – blanche » et la pastourelle ; la première chante la séparation des amants au lever du jour, à l’appel du chant des oiseaux … ; la seconde est la rencontre, devenue vite assez banale, du chevalier et de la bergère qui tantôt repousse et tantôt accepte l’aventure. Source Encyclopédie de la Pléiade, Histoire des littératures III Diffusion de la poésie lyrique française Cette rapide recension de la lyrique médiévale à l’époque féodale XIIe et XIIIe siècles demeurerait très incomplète si l’on ne mentionnait l’extraordinaire influence qu’elle eut à l’étranger. Mettons à part l’Angleterre qui, pendant toute cette période, se confond en fait avec la France, puisque ses rois et une grande partie de sa noblesse sont de souche française et que notre langue y est la langue quasi officielle. Plus remarquable est le cas de l’Espagne. La cour des rois de Castille a été un véritable centre d’activité poétique et, pendant tout le cours des XIIe et XIIIe siècles, les troubadours ne cesseront d’y être accueillis. Cet accueil était favorisé du fait que la route de Compostelle connaissait à cette époque l’incessant va-et-vient de pèlerins que l’on sait, tandis que les chevaliers français venaient à l’aide des armes de Castille pour entreprendre la reconquête de l’Espagne sur les Arabes. Source Encyclopédie de la Pléiade, Histoire des littératures III Conclusion La poésie, première expression littéraire de l’humanité, reste jusqu’au XIIe siècle étroitement liée à la musique. C’est également à cette époque que la rime apparaît et fait progressivement disparaître l’assonance. Nous pouvons dès à présent noter que le titre de l’énigme 500 Ut queant laxis fait référence aux noms des notes de la gamme musicale. Il me semble important de faire un lien entre l’inspiration poétique et la troisième ligne de l’énigme 530, qui commence ainsi } Mon Quatrième s’inspire, … » . Le verbe Inspirer 1190 provient du latin inspirare » construit avec le verbe spirare » qui signifie souffler » et le préfixe -in » dans, vers » ; sur » . Inspirer } Animer d’un souffle, d’un élan divin. Apollon inspirait la Pythie.} Donner l’inspiration, le souffle créateur dans l’art, les activités intellectuelles. Être cause et sujet d’inspiration. } Faire naître en suscitant un sentiment, une idée, un dessein. V. Donner, imprimer, insuffler, suggérer » . } Par extension Inspirer quelqu’un déterminer son comportement par des conseils. V. Conduire, conseiller, diriger » . } Souffler dans. V. Insuffler » . Faire entrer l’air dans ses poumons. V. Aspirer » . Nous retrouvons dans le verbe Inspirer l’idée du divin, déjà évoquée auparavant dans l’analyse du titre de la chasse. Un autre sens à creuser, qui rejoint l’étymologie de Trouver, est celui de la création. En ce qui concerne le texte de l’énigme 780, un rapprochement peut être établi entre la poésie et la dernière ligne de l’énigme } Par la boussole et le pied. » En effet , dans la poésie française, le rythme d’un poème est déterminé par le nombre de syllabes, fixe, de chaque vers. Dans la poésie grecque, ce rythme dépend du nombre de syllabes dans un vers, mais aussi de la quantité » de ces syllabes, selon qu’elles sont longues ou brèves. Aussi, le vers grec ainsi que le vers latin est souvent décrit comme quantitatif » . En général, un vers grec est formé par la répétition de brèves séquences syllabiques, chaque séquence étant appelée mètre ou pied. Deux syllabes brèves sont en durée l’équivalent d’une longue ; ainsi dans certains cas deux brèves peuvent prendre la place d’une longue, phénomène appelé résolution. Source Dictionnaire de l’Antiquité, Robert Laffont, mètre » Après cet article, qui contient beaucoup d’informations intéressantes pour la suite de la chasse, je vous propose une première analyse de l’énigme 600. Bonne journée et à très vite sur Le Moyeu !
poésie prends la vie dans le bon sens